Une seule roue équipée de deux freins
(disque et V-brake) relié par un tube à un guidon, le tout maintenu
devant lui par le patineur, voila comment se présente
schématiquement le Skate-Drive. Thibaut a pu tester un prototype et
nous en dit plus.
Nicolas R.
N.B. sur le texte
qui suit : à l’origine, j’ai écrit ces lignes sur le
forum
de Pari-roller (et ici)
où se disaient beaucoup de choses avec plus ou moins de bonne foi
sur cet appareil testé par quasiment personne. Je comptais faire
un compte rendu détaillé. Cependant, Nicolas a eu l’idée de
reporter ces lignes ici. Voilà pour la remise en contexte. J’ai
quelquefois modifié le texte du forum.
Thibaut
lors de ma descente du Mont
Ventoux en SD, après l’ascension en rollers
1. Sous quel angle
appréhender cette invention ?
Je pense que la première erreur est de
chercher dans le Skate-Drive un accessoire à la pratique du roller.
On l’utilise avec des rollers, mais les sensations / objectifs
recherchés sont clairement différents. Le Skate-Drive est une
pratique à part entière. Dans mon cas, et ce n’est pas forcément
représentatif de l’idée de l’inventeur au départ, je suis passionné
de roller de vitesse et n’abandonnerai jamais ma pratique
compétitive par exemple pour le Skate-Drive. Mais j’y trouve
d’autres intérêts, pratiquant ainsi un autre sport au même titre que
je pourrais faire du vélo. Voici plus de détails sur la discipline
du Skate-Drive.
2. Le Skate-Drive en
descente
C’est d’abord pour la descente que j’ai
souhaité essayer le Skate-Drive. Je suis avide des sensations du
roller en descente, mais mon niveau m’empêche d’en tirer pleinement
parti. Je ne parle pas des (petites) descentes qu’on peut rencontrer
à Paris, j’y reviendrai plus loin. Je parle des descentes de
montagne, en cols. Les descentes très raides avec des virages. Dans
ce cas, soit on fait partie de la centaine descendeurs français
experts et équipés en conséquence et on va de slides en slides à
plus de 80 km/h. Soit ce n’est pas le cas et on est condamné à
descendre "au frein" en se privant du plaisir de la descente. Et
bien là, le Skate-Drive permet de se lancer à fond, de prendre des
courbes avec beaucoup de vitesse, de gérer son freinage au km/h
près !
Cependant, par souci d’honnêteté, je
voudrais nuancer. Ce que je viens de dire est vrai, le Skate-Drive
permet au non descendeurs de se régaler en descente, mais à la
condition qu’ils aient déjà une bonne prise en main de l’appareil.
Dans mon cas, je me lâchais après quelques jours d’utilisation, et
<j’ai
descendu le Mont Ventoux après une semaine>. Ce fut la
première fois que je pu le descendre. Deuxièmement, je reconnais à
l’issue de cette descente hors normes que j’ai atteint les limites
de l’appareil que j’avais entre les mains. C’est à dire que passant
une certaine vitesse (50-60 km/h), la roue avait avait tendance à
sauter. MAIS l’appareil que j’avais était un PROTOTYPE destiné à des
utilisations multiples : pour une telle descente, la roue
n’était peut être pas de la bonne taille, l’appareil trop léger.
Autant de remarques qui seront prises en compte peut être pour
l’élaboration des Skate-Drives définitifs. De plus, ces observations
peuvent aussi venir d’une mauvaise technique de ma part.
3. Le Skate-Drive en
plat et en côte
Contrairement à ce que pensent ceux qui
ne l’ont pas essayé, on n’a pas a pousser son Skate-Drive pour
avancer. Ce fut ma première surprise. On le tient devant soit, et on
patine. On a plutôt l’impression d’être emmené, et ceux d’autant
plus que le terrain descend.
De plus, en faux plat montant et en
montées légères, le Skate-Drive permet d’accroître considérablement
l’inertie de la foulée exactement comme en ski de fond quand on
pousse sur les bâtons. On trouve un pas adapté qui permet de prendre
une vitesse inattendue. Encore une fois, cela demande de la
pratique.
Je conçois cependant que s’il y a un
gain de vitesse par rapport au roller sans Skate-Drive , rouler en
Skate-Drive empêche de rouler en peloton, le drafting permettant
d’augmenter considérablement son rendement d’autant plus que le vent
et la vitesse augmentent. Donc pour rouler tout seul, on gagne en
vélocité avec le Skate-Drive. Mais face à un peloton et avec du
vent, c’est moins sûr. Je ne pense pas que le Skate-Drive soit
approprié aux randos pour patineurs de vitesse même s’il ne présente
de danger particulier, voire peut retenir un peloton entier de
patineurs n’osant pas se lancer dans une descente.
Quant aux montées sévères, je n’en ai
pas assez pratiquées pour me prononcer. Etant donné mon habitude des
côtes, le Skate-Drive ne m’aide pas à monter plus vite. Mais j’ai
entendu un témoignage de quelqu’un qui grimperait plus vite en
Skate-Drive qu’en roller en raison de la position et de la technique
permise. Cela me parait possible mais je ne peux encore le
confirmer.
c’est après mon ascension en
roller que j’ai redescendu faire un tour en SD, puis
remonté
4. Le Skate-Drive en
ville
J’ai pas mal testé le Skate-Drive à
Paris. Là, j’y vois un intérêt indéniable pour le 5 roues que je
suis. Je peux en effet prendre beaucoup de vitesse et mieux la
contrôler, sans user mes roues ou mes malléoles dans le freinage. On
peut arriver à 40 km/h à un passage piéton et freiner net en
s’arrêtant à 30 cm des piétons terrorisés, en finissant son freinage
sur les roues avant...
On peut aussi :
- slalomer entre les voitures
- slalomer entre les piétons, klaxonner pour passer
- arrêter sa poussée pour se faufiler entre deux
voitures tout en gardant sa vitesse grâce à l’inertie
- faire un freinage d’urgence sans finir à
l’hosto
Conclusion
A mon sens, le Skate-Drive est une
pratique à part entière qui ne concurence pas celle que j’ai du
roller, que je conçois pour 3 cas. D’abord me déplacer en ville plus
vite, moins dangereusement, et en économisant mes roues (sans parler
du nombre de conversations engagées avec des passant(es) à partir de
leur question « A quoi ça sert ? »...). Ensuite pour
profiter de vraies descentes impraticables pour moi sans. Enfin,
dans un avenir relativement proche, pour faire un raid en autonomie
totale. J’ai constaté qu’un Skate-Drive chargé avait encore plus
d’inertie et permet donc sûrement de « passer » des
descentes imprévues avec des kilos de bagage. Utile pour un raid en
montagne comme je le projette.
Voilà, je suis ouvert à toutes vos
remarques et disposé à répondre aux questions.
par Thibaut